mercredi 30 octobre 2013

Le Japon de l'an vert.

Il serait temps en effet que j'explique pourquoi j'ai souhaité nommer ce blog ainsi. "An" car mon visa est valable une année. L'objectif est donc de rester environ un an au Japon si tout se passe bien... "Vert" réfère dans ce contexte à la nature, à l'écologie. Ce terme évoquait notamment pour moi Kyoto où j'ai souhaité m'installer pour commencer cette année. Cette ville est célèbre pour ses jardins mais aussi pour ses légumes "Kyoyasai"(京野菜). Et je souhaite justement durant cette année découvrir le milieu agricole japonais. Aussi, je souhaiterais  faire du Wwoofing (travail bénévole dans des fermes en échange du gîte et du couvert) dans une prochaine étape de mon séjour.  Enfin, "an vert" renvoie également au Japon de l'envers qui désigne la façade ouest du Japon. Il s'agit de la face qui donne sur la mer du Japon, une face que j'aimerais explorer. Mais "l'envers" évoque également pour moi une face plus méconnue du Japon. L'agriculture par exemple mais aussi l'idée de rendre compte d'initiatives, de présenter des personnes qui ne marchent peut-être pas "droit", c'est à dire qui ne répondent pas à la norme attendue par la société. Tout cela est peut-être un peu ambitieux. Je ne sais pas encore si je parviendrai à aller au bout de ces souhaits. Mais j'y travaille petit à petit....

Alors voici pour inaugurer ce projet, le portrait de Nakajima-san (中嶋-さん)   !
Après des études de littérature française, il est devenu salaryman....(il ne se l'explique pas vraiment non plus). Après 7 ans de ce labeur, il ne pouvait plus supporter cette vie. Aussi il a tout quitté, il est parti quelques temps en France pour apprendre à faire du fromage de chèvre, et il s'est installé à la campagne au Japon. Cet appel de la terre, il le doit entre autre aux livres d'Henri Bosco qu'il a beaucoup lu durant ses études. J'ai rencontré la compagne de Nakajima-san qui tient un café à Kyoto (Le Kazenone http://www.kazenone.org). C'est elle qui m'a proposé de le rencontrer. Je suis partie le voir ce lundi dans la préfecture de Shiga un peu à l'Est de Kyoto.

C'est dans la préfecture de Shiga que se trouve le plus grand lac du Japon (670km carré). Il s'agit du lac Biwa que vous pouvez entrapercevoir sur ces photos.



Après une petite heure de train, me voici arrivée en gare de Takashima. C'est la ville où Nakajima-san est venu me chercher pour me conduire dans son hameau perdu dans la montagne.

Vue en sortant de la gare. Takashima est quand même une ville de 50 000 habitants, mais j'ai été frappé par le calme qui régnait dans la ville.
Nous voici chez Nakajima-san.... En réalité il est en train de construire sa maison. Aussi pour le moment il vit dans une serre qu'il a aménagé pour être un minimum habitable. Là-bas nous attendaient 5 autres personnes toutes venues aidées Nakajima pour récolter des patates douces. Mais avant, un repas en plein air s'impose. C'était très bon ! La preuve... il ne reste plus rien...
Puis direction le potager de Nakajima où nous attendaient les patates douces.
Les patates douces ( Imo)sont très appréciées au Japon et en Asie en général. Nous en avons par exemple utilisées pour faire nos Mochi au cours de cuisine il y a plus de deux semaines. Elles sont aussi très bonnes cuites au feu de bois.
 


Voici comment se présente un champ de patates douces. Il faut d'abord enlever tout le feuillage. Puis, on creuse la terre pour les recueillir. (Nakajima est la personne à droite sur la photo ci-dessus)
Notre rythme de travail était tranquille, chacun allait à son rythme et faisait de son mieux. C'était aussi un moment d'échange et de rencontre. La plupart des personnes venues ce jour là ne se connaissaient pas. C'était très agréable ! Puis le cadre où nous travaillions était également assez revigorant !
 
Pas de toilettes ou plutôt de cabinet chez Nakajima-san. Mais comme le dit Yuki-san, une des volontaires, il est intéressant de diversifier les endroits où nous allons faire nos besoins dans la nature afin de prendre le temps d'admirer chaque facette du paysage !

Nous n'avons pas vu les chèvres. Ces dernières se situent sur un autre terrain à quelques kilomètres de là. Le fromage de chèvre n'est pas le plus apprécié au Japon, aussi Nakajima n'espère pas gagner beaucoup d'argent avec cela. Son objectif premier est cependant de pouvoir être autonome sur le plan alimentaire et pourquoi pas vendre quelques légumes à côté comme les patates douces par exemple.
Nakajima à droite et à côté sa compagne Haruyama-san. Elle ne peut pas venir souvent le rejoindre.
Pour vendre des légumes au Japon, ils doivent être propres et bien proportionnés ! Aussi, après avoir récolté un certain nombre de patates douces, nous les avons soigneusement lavées. Entre temps, une petite pause thé près du feu était la bienvenue ! Nous avons également dégusté quelques sablés bretons (je promeus la gastronomie bretonne dès que j'en ai l'occasion l ), et des patates douces cuites au feu. Puis nous avons continué le travail jusqu'à la tombée de la nuit vers 17h30-18h.
En arrière plan, la maison en construction de Nakajima.
Cette journée a été une très belle expérience. Chacun a mis du cœur à l'ouvrage et je pense que nous avons tous passé un très bon moment ensemble. Des personnes viennent ainsi aider Nakijima-san de temps en temps. Son quotidien n'est pas de tout confort mais il est heureux de son choix. Et nous et d'autres sommes heureux de pouvoir l'aider même le temps d'une journée  et partager avec lui et sa terre un beau moment d'humanité.

dimanche 27 octobre 2013

Japon culture

Ce weekend était animé et théâtral !

Animé car samedi avait lieu une rencontre à l'institut français autour du film d'animation "Amer Béton" réalisé par l'Américain Micheal Arias d'après le mangaka Taiyo Matsumoto.



Une projection du film a d'abord été programmée. L'histoire se passe dans la ville de Takara-Michi où deux orphelins (Kuro : Noir et Shiro : Blanc) très attachés à leur quartier (surtout Kuro) tentent de le protéger de la venue des Yakuza.
Je simplifie un peu l'histoire...
C'est un bon film avec une très bonne animation. Les décors urbains sont très soignés. L'histoire se veut dérangeante, elle est un peu dure en effet. Les deux enfants évoluent dans un lieu difficile et ils ne sont pas non plus d'une grande tendresse.
Enfin, Je le conseille ! Mais pas aux enfants en revanche.


Après la projection il y a eu une rencontre entre le réalisteur, le mangaka, mais aussi Nicolas de Crécy autour du film.

Cette rencontre était aussi l'occasion d'aborder les différences entre le métier de dessinateur de BD en France et de mangaka au Japon.
Le mangaka est par exemple souvent lié à un même éditeur tout au long de sa carrière et ce dernier dicte les grandes lignes à suivre à l'auteur de façon à ce que le manga plaise au plus grand nombre. Matsumoto a précisé toutefois, qu'avec l'expérience, et si les mangas ont eu du succès, que l'auteur peut jouir de plus de liberté. 
Puis, le mangaka ne travaille que très rarement seul. Le plus souvent une équipe d'assistants l'aident à la réalisation des dessins. En effet, la production doit être rapide. Compter entre 20 et 30 pages par mois afin qu'elles puissent être publiées dans divers magazines un peu comme "Pilote" à l'époque. 
De Crécy a expliqué qu'être dessinateur de BD en France était un travail très solitaire et qu'il jouissait lui d'une grande liberté. Trop grande peut-être même car il aimerait bien avoir un cadre de temps en temps de façon à mieux savoir où et comment se diriger. 

L'animation non plus n'est pas perçue de la même façon au Japon et en France. En France d'après De Crécy l'animation doit être avant tout familiale. (Même si cela tend à changer). Au Japon l'animation est très variée et est depuis longtemps intégrée au paysage culturel. Aussi on encourage la diversité.

Je ne vais pas revenir sur tout ce qui s'est dit (si vous souhaitez plus d'infos faites le moi savoir). En tout les cas, la BD française se traduit de plus en plus au Japon. 4 BD de Nicolas de Crécy sont justement traduites au Japon et elles se vendent plutôt bien. 
Aujourd'hui dimanche, c'était Arthurs de Pins qui était à l'honneur au musée du manga. Mais l'entrée était payante cette fois...puis une connaissance m'a donné un ticket pour assister à un spectacle de Nô. C'est la phase théâtrale de mon weekend.


 Le Nô (能楽)qui pourrait se traduire par "drame lyrique" est une forme de théâtre traditionnel japonais. N'hésitez pas à consulter la page wikipédia à ce sujet. Elle est assez complète. Voici comment la scène se présente :
La scène constitue déjà le décor. Un seul accessoire est venu compléter la scène.
 La représentation que j'ai vu est tirée d'une histoire d'un auteur chinois du XVè siècle : Yang Kuei-Fei. Elle s'appelait "Yoki-Hi". C'est le nom d'un des personnages, une déesse ou un esprit. Il y avait trois acteurs, un chœur de 8 hommes, 3 musiciens et des accessoiristes je pense. Les acteurs portaient des costumes vraiment somptueux. Seul un portait un masque. Je n'ai pas pu prendre de photos aussi voici des photos de photos prises dans le théâtre pour donner une idée.
 


 Je pense cependant qu'il me manquait beaucoup de clefs pour pouvoir apprécier le spectacle. Le rythme était lent, le texte était "parlé/chanté" mais le plus souvent acappella. La musique accompagnait rarement les acteurs afin sans doute de faire ressortir plus fortement la voix des acteurs. Elle donnait plus une impulsion. Il n'y avait pas vraiment de mélodie. En fait, nous pourrions dire qu'il s'agissait d'une invitation à la méditation. Mais ne comprenant pas tellement les codes, je dois avouer que les trois heures de représentation n'ont pas été toujours faciles.
Une deuxième pièce était donnée après l'entracte mais je ne suis pas restée...Cependant l'expérience a été vraiment intéressante.
Voici quelques photos prises dans le théâtre.
 De beaux habits aussi de l'autre côté de la scène
 Il y avait aussi un très beau jardin
 


Le Nô est un univers essentiellement masculin. Les personnages féminins sont également joués par des hommes. Si quelques femmes parviennent à s'insérer dans le milieu, il parait que la pression reste très forte pour elles,  et à Kyoto en particulier. D'après mon colocataire anglais qui vit à Kyoto depuis 4 ans, la ville est très attachée aux traditions dont elle se fait quelque peu l'ambassadrice. Aussi, mon colocataire estime qu'après 2 voire 3 générations on peut espérer un mieux pour les femmes dans la culture du Nô à Kyoto...

mardi 22 octobre 2013

時代祭り!

Aujourd'hui 22 octobre a eu lieu le Jidai Matsuri, l'un des trois plus importants Matsuri de Kyoto. Il célèbre la fondation de la ville.

 Il s'agit d'une longue procession costumée qui part du palais impérial situé au centre de Kyoto jusqu'au temple Heian Jingu un peu plus à l'Est. Une grande fresque historique défile ainsi dans la ville, de l'époque Meiji (1868 date à laquelle la capitale a été transférée à Tokyo) jusqu'à l'époque féodale. Plus de 2000 personnes ont participé à cet événement.


 Avec ma colocataire, nous nous sommes rendues au palais impérial avant le lancement de la cérémonie. Nous avons pu admirer beaucoup de costumes et les figurants en préparation.




 


 




 


Tous à nos appareils photo !
 
 Costumes d'aujourd'hui !

Mon regret est de ne pouvoir donner plus de précisions concernant les costumes et les époques qu'ils représentent. La procession se déroulait dans un sens chronologique décroissant mais je n'ai pas assisté au défilé. Je devais travailler cet après-midi et la masse de touristes et de photographes m'ont vite fatigué.  Mais pouvoir voir les figurants avant le défilé était très sympa également ! C'était moins formel et plus décontracté.

 Le saké est toujours de mise bien sûr !

 La pause Bento aussi est importante !
 Un dernier SMS avant de se mettre dans la peau de l'époque que l'on est censé représenter.
 Pause toilette. Quand on voit certains costumes cela ne doit pas être toujours évident...


Voici quand même l'article de Wikipédia au sujet de ce festival :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jidai_Matsuri
Et un article du site "Kyoto Travel" (en anglais) qui offre quelques précisions sur les costumes et le déroulement du festival.
http://www.japan-guide.com/e/e3960.html